8 jours en vol ça peut être long sauf que…
Déjà qu’en 8 jours, il s’en passe des choses, imaginez combien il s’en passe en 16 jours (2 fois le même courrier) et ce, en touchant huit aéroports différents à travers le monde. Voyons voir.
YUL-PUJ
Premier arrêt: Punta Cana. On opère le vol de l’aller vers la République Dominicaine et on dort à destination. Court vol de 3 h 45. Rien de fatigant. On pense déjà au souper et à notre choix de cocktail pour la soirée. Bien entendu, je me dis «ce soir, je reste tranquille pour être en forme pour le lendemain». Encore une fois, je me mens à moi-même et je finis à la discothèque de l’hôtel. Heureusement que la quantité d’eau absorbée était proportionnelle à la quantité d’alcool consommé, car le lendemain la plage m’attendait! Ce fut donc une tentative de planche à voile qui aura réussi à endolorir mes muscles pour deux jours. Au moins, j’aurai avivé mon teint basané pour la semaine.
PUJ- YVR- YYC
Après une sieste récupératrice, ce fut déjà le temps de quitter la chaleur du Sud pour la froideur des Rocheuses Canadiennes. Et voilà, nous étions déjà repartis en direction de Vancouver. Plus de 8 heures de vol avec un départ à 18h35. Une fois atterri, pas de dodo pour nous car nous devions nous rendre à Calgary. J’ai récupéré ma clef de chambre vers 5 heures du matin, heure de Montréal.
Le lendemain, une journée de repos nous attendait. Pour le premier courrier, j’ai visionné James Bond SkyFall dans mon lit bien douillet et à ma deuxième visite Argo. J’ai bien aimé les deux films. Le soir, l’équipage s’est rejoint pour déguster un bon steak de l’Alberta. À noter qu’il faut bien mâcher sa bouchée pour ne pas s’étouffer…
Lorsque l’on est agent de bord, une formation en secourisme nous est donnée afin d’intervenir rapidement si l’un de nos passagers s’étouffe. Par contre, les probabilités que cela arrive sur un vol demeurent assez faibles. D’autant plus minces que cela arrive à l’un de nos collègues. Et bien, c’est possible! Je vous laisse imaginer la scène: un agent de bord s’étouffe au restaurant. Il ne tousse plus! L’air ne passe plus! Il faut agir vite! Merci à notre collègue «sauveur», voisin de l’étouffé qui, par la méthode de Heimlich, a comme un pro, chassé le vilain morceau de viande!
YYC-CUN-YYC
La longue journée du courrier, c’est celle-ceci. Enfin, en théorie. Un aller-retour à Cancun depuis Calgary. Temps vol vers Cancun: 4h40. Temps vol au retour: 6h00! Wô! C’est un Montréal-Paris ça! Fatigue à l’horizon.
À bord, nous servons de la bière, de la bière et de la bière. Une fois les Heinekens disparues, c’est au tour des vodkas, des gins et des scotchs d’y passer. En tant que consommation d’alcool, un Albertain, ça n’a pas de fond. En tout cas, pas ceux sur ces vols. Pourtant, ils se tiennent encore bien droits comme une barre après des heures. Ils n’ont même pas l’air un peu bourrés. Au retour, personne ne boit car plusieurs sont… disons…malades! Tourista en vue…
Comment je le sais? Parce que l’un ou l’autre vomit en arrière et aussi parce que je ne compte plus les visites nauséabondes aux toilettes. Au moins, l’équipage est en santé… Mais pas pour longtemps! Une heure avant l’atterrissage à Calgary, voilà que notre collègue «étouffé» de la veille ne se sent pas très bien. Le sandwich d’il y a une heure ne passe pas. Le pauvre! Encore lui. La scène ressemble à ceci: le premier officier va à la toilette. Pendant qu’il fait sa petite besogne, notre collègue «étouffé» alias «collègue mal de coeur», ne peut plus attendre que la toilette se libère. Et HOP! Il déverse tout son liquide verdâtre en plein devant la porte du poste de pilotage. C’est encore une fois collègue «sauveur» qui arrivera à la rescousse pour nettoyer cet inopportun déversement. Peut-on dire que c’est ça l’esprit d’équipe?
YYC-LGW (BHX)
Après un 13h45 en devoir, voilà que nous n’avons que 17 heures de repos avant de s’envoler pendant 8 h 21 vers Londres Gatwick. Nous décollons à 16 h 00, ce qui nous fera arriver à une heure respectable en Angleterre. Enfin, en théorie…
En vol, nous servons du Gingerale et du thé. (Je ne sais toujours pas pourquoi les anglophones boivent du Gingerale, quelqu’un peut m’éclairer?). Les passagers sont relativement sympathiques mis à part 21 C qui commence sérieusement à titiller mes nerfs. J’en parle à ma collègue et elle me répond: «Non! Pas toi aussi!» Finalement, 21 C énerve tout l’équipage! Jamais en tant qu’agent de bord, je n’ai eu l’impression d’être une idiote, mais cette femme a réussi à m’en faire douter pendant un court moment. À chacun de mes passages, elle rit de moi avec sa voisine. J’ai le goût de m’approcher à deux centimètres de son visage et de lui dire: «YOU HAVE A PROBLEM?» Mais à voir ses dents jaunes et à sentir son haleine de cigarette, je n’ai pas le désir de faire quoique ce soit. Mieux vaut l’ignorer.
Nous sommes en descente vers Gatwick. Soudain, le commandant nous informe qu’il y a trop de brume sur la piste et que nous devons attendre qu’elle se dissipe. Nous tournons en rond à 10 000 pieds. Nous pourrons faire cela pendant seulement 18 minutes, car après, le carburant nous manquera. Finalement, nous dévions vers notre aéroport de dégagement, Birmingham, pour refaire le plein et attendre le OK pour atterrir à notre destination. 4 heures plus tard, nous atterrissons à Gatwick. 21 C m’énerve encore.
LGW-AGP
Mise en place vers Malaga le jour suivant. Nous sommes encore crevés de la veille. Nous volons sur Easyjet. C’est toujours un plaisir de voyager sur cette compagnie où les sièges ne s’inclinent pas, où les annonces sont interminables et où l’agent de bord a l’air de Mister Bean. GRRRR!
AGP
C’est la fin du courrier. Maintenant plus qu’une nuit avant de retourner à la maison. En attendant le vol de retour (qui sera sans anicroche) je fais une visite éclair au Corte Inglés afin d’acheter mes 2 bouteilles de vin permises. En chemin, je fais un stop à La Antigua Casa de Guardia pour prendre un vin típico de la région de Malaga.
Écrit par Elizabeth LandryElizabeth Landry est agente de bord et une vraie passionnée des voyages et des sports nautiques. Elle partage son temps entre Cabarete en République Dominicaine, le Québec et les airs. Elle dirige le blogue L’Hôtesse de l’air depuis 2010 et a écrit trois romans à succès du même nom. Sa boutique #FLYWITHME vous fera voyager à travers le monde !
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