Un bonbon?

flight attendant Hôtesse de l'air Elizabeth Landry

Chez VéoAir, nous avons à cœur le bien-être de nos passagers. Lors de la descente, pour vous aider à équilibrer vos délicats tympans qui sont, pour certains, prêts à exploser sous la pression, nous avons élaboré une solution miracle : l’Halloween à longueur d’année…

– C’est le temps de faire les bonbons, lance le directeur de vol à son équipage.

Il me tend un plateau rempli de pastilles à saveur de menthe. « Merde, je suis prise au piège ! », pensai-je. Et dire que j’aurais pu m’en sauver si j’avais été plus prévoyante. Lorsque je l’ai vu préparer les cabarets, j’aurais dû illico me rendre au cabinet de toilette.

– Où est Scarlett ?, aurais-je entendu de l’autre côté de la porte.

Silence. J’aurais été portée disparue. On m’aurait remplacée. Mais là, pas le choix ! C’est presque aussi pire que servir du jus de tomate. Je rectifie. C’est pire !

J’offre mon butin à un trio de passagers. Monsieur C, côté allée ne bronche pas. B, au centre, récupère ce que je lui offre et A, au hublot, attend que son tour vienne. J’avance alors mon plateau dans sa direction, encore plus loin, afin qu’il comprenne qu’il n’a pas toute la journée pour se décider. Il opte lui aussi pour une pastille. Quant à C, je n’insiste pas et je passe à la rangée suivante.

J’avance mon plateau au centre de la rangée afin que tous puissent rapidement se servir.

– Qu’est-ce que c’est ? me demande Madame B.

– Un bonbon, répondis-je et j’attends pour qu’elle se serve.

– Non merci !, conclut-elle.

Néanmoins, je demeure immobile, car C et A n’ont pas récupéré mon cadeau. Une seconde passe. Puis deux. Aucune main n’est tendue. Pas de regard dans ma direction. Ni un « non merci ». Je comprends tout de même qu’on refuse mon offre. Je passe à la rangée suivante.

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Mes bonbons à la vue de C, il déplie le bras et tente de récupérer lui-même mon plateau. Je l’en empêche en reculant d’un pas. Mais qu’est-ce qu’il fait ? Veut-il prendre ma place et faire la distribution?

– Monsieur, je vous offre un bonbon, précisai-je.

– Ah… pouffe-t-il de rire gêné, en prenant une menthe.

Je patiente le temps que A et B se servent et je poursuis ensuite mon service.

– Qu’est-ce que c’est ? me demande à nouveau un autre.

Quiz : Qu’est-ce qui mesure 1 cm par 1 cm, qui est enveloppé dans un papier blanc « style bonbon » et qui est servi par dizaines sur un plateau ? Une pomme ? Nah ! Mauvaise réponse.

N’avançant qu’à pas de tortue, je décide de changer de tactique. Même s’il me semble que l’évidence règne, j’opte pour la précision.

– Un bonbon ?

L’homme tend la main et récupère son dû.

– Un bonbon ? continuai-je.

Une dame lève les yeux, regarde mon plateau et retourne à la lecture de son livre. Plus perspicace que mes passagers, je comprends rapidement qu’elle n’en a rien à $%#@& de mes délicieuses pastilles à la menthe. Je ne m’en offusque pas. J’ai si hâte de terminer ma besogne que je saute à la rangée suivante, et à la suivante en un temps record.

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La dernière rangée arrive plus vite que je ne l’aurais imaginé. « La chance est avec moi », pensai-je. Plus qu’un passager à servir, car sur trois, deux dorment à point fermé. Il n’y a que cette dame assise côté allée qui est éveillée. J’avance alors mon plateau vers elle afin qu’elle se serve. Pour ne pas réveiller les endormis, ni les brusquer, je présente mon produit en chuchotant.

– Un bonbon ?

Madame C visiblement heureuse de mon offre saute sur l’occasion et pige allégrement dans mon tas de bonbons. Bonne dernière, elle doit être consciente que les autres ont déjà été servis et qu’ainsi, son avidité n’affectera personne. La croyant consciente de son entourage, elle m’en dissuade aussitôt.

La main remplie, elle se retourne vers les endormis. Son mari et son fils ? Elle réalise qu’ils dorment. Ils ont l’air si bien, transporté dans leurs rêves. La tonne de bonbons leur est peut-être réservée à leur réveil ? Oups, non, je crois qu’elle voudrait plutôt qu’ils en prennent aussi. Non ! Ne faites pas ça !, aimerais-je hurler.

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Madame C donne un grand coup de coude à son mari. Il bondit sur son siège et fait sursauter par la même occasion le fils. L’homme grogne d’avoir été tiré du sommeil d’une manière aussi brutale. Il a l’air enragé et ouvre les yeux à la recherche d’un coupable. Devant lui, moi, un plateau à la main. Je fige.

« Ce n’est pas moi ! C’est votre femme !» aimerais-je la dénoncer. Au lieu de cela, d’un air embarrassé, je tente de reprendre la situation. J’avance vers lui mon plateau alléchant rempli de bonbons et prononce tout en sourire tel un enfant déguisé cognant à la porte d’une maison le soir de l’Halloween :

– TRICK OR TREAT ? (Une gâterie ou je t’ennuie!)

 

Écrit par Elizabeth Landry

Elizabeth Landry est agente de bord et une vraie passionnée des voyages et des sports nautiques. Elle partage son temps entre Cabarete en République Dominicaine, le Québec et les airs. Elle dirige le blogue L’Hôtesse de l’air depuis 2010 et a écrit trois romans à succès du même nom. Sa boutique #FLYWITHME vous fera voyager à travers le monde !

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