Je m’appelle Sara. Je suis hôtesse de l’air de jet privé en Californie. Portrait d’une hôtesse de l’air en temps de pandémie.
Cet article fait partie d’une série de portraits dédiés aux membres d’équipage ayant perdu leur emploi à cause de la pandémie.
L’aviation et l’industrie du tourisme restent des secteurs durement touchés par la pandémie en partie dues au fait que des règles très strictes sont imposées aux voyageurs. Résultat, la grande majorité des membres d’équipages, pilotes, hôtesses, mécaniciens ont perdu leur emploi et ne le retrouveront pas si les conditions ne changent pas rapidement.
Des années de carrière envolées.
Sara, 32 ans, est une agente de bord de jet privé basée en Californie depuis plusieurs années. Malheureusement en mars, elle a été licenciée. Portrait d’une hôtesse de l’air jet set.
Comment es-tu devenue hôtesse de l’air sur un jet privé?
J’ai commencé sur des jets privés il y a presque cinq ans. J’ai d’abord déménagé à Los Angeles pour travailler en marketing pour une compagnie québécoise.
Un an après m’être installée aux États-Unis, j’ai commencé à donner des cours de bootcamp. C’est là que j’ai rencontré une cliente, qui est maintenant une bonne amie, qui travaillait comme hôtesse de l’air et qui m’a parlé d’un poste junior qui était vacant au sein de son entreprise.
Depuis que je suis toute petite, ma plus grande passion est le voyage, et voici qu’on m’offrait un emploi qui me payait pour voyager. Je n’ai pu résister alors j’ai quitté le monde du marketing pour me lancer dans le monde de l’aviation.
Les débuts n’ont pas été faciles parce que j’ai vraiment commencé au bas de l’échelle.
J’époussetais, rangeais et approvisionnais les avions. Après quelques mois, j’ai finalement été promue et j’ai passé mon accréditation pour pouvoir commencer à voler.
J’étais toujours sur appel, ma petite valise et mon uniforme dans mon auto en tout temps. C’était à la fois très stressant et excitant !
Et c’est comme ça que j’ai déniché mon premier compte à temps plein, sur l’avion d’un acteur et producteur d’Hollywood, également très populaire dans le monde du fitness. J’y ai travaillé pendant environ trois ans et demi, à voyager le monde et à profiter de mes escales en Italie, Finlande, Japon, Italie, Angleterre et beaucoup de villes aux États-Unis.
J’ai ensuite quitté pour un autre employeur, mais lorsque la pandémie est arrivée j’ai été remerciée.
Avant la pandémie, à quoi ressemblait ton métier, tes horaires?
Peu de gens savent les différences entre une hôtesse de l’air qui travaille sur un jet privé versus sur un avion commercial. En voici quelques-unes.
L’équipage d’un jet privé se compose de deux pilotes et d’une hôtesse qui s’occupe des passagers.
C’est l’agent de bord du jet qui doit aller faire les emplettes à l’épicerie et cuisiner les repas pour les passagers selon leurs désirs.
Certains propriétaires préfèrent certains plats pour emporter de restaurants spécifiques, alors on s’occupe aussi de passer la commande et d’aller la récupérer. Tout ça demande donc beaucoup de préparatifs.
Nous sommes également responsables de faire les lits sur le jet (les sièges se transforment en lit simple ou double), souvent en plein vol et seules. Nous devons offrir un niveau de service 5 étoiles et nous assurer que chaque moment soit une expérience hors de l’ordinaire et particulière aux goûts de chaque passager. C’est tout un défi!
Nous ne sommes pas protégés par aucune loi, ce qui fait que nous pouvons travailler pendant 20 à 30 heures, sur les vols internationaux, sans «crew swap» ou repos. Par contre, certains jets comme le Global Express de Bombardier, détiennent une aire de repos qui peut parfois être utilisée si un pilote de remplacement ne s’y trouve pas.
L’horaire est également imprévisible. J’étais à la merci du programme du propriétaire. Pas de journées de congé de style fins de semaine. Toujours sur appel. Seulement dix jours de congé par année. Pas de jours fériés.
Certains équipages bénéficient dans leurs contrats de quatre à sept journées de congé par mois, mais je n’ai jamais eu la chance d’être sur un avion où le proprio respectait sa promesse d’embauche à ce niveau. Certains mois j’étais à la maison une journée par semaine pour un quick turn et d’autres j’étais partie seulement sept jours.
Nous n’avons aucun avantage-voyage du type standby ou vols gratuits. Par contre, nous restons souvent sur place avec l’avion. Parfois dans des endroits exotiques comme la Barbade, les Maldives et la Sardaigne, et parfois au New Jersey ou en Alabama. On ne sait jamais où l’on atterrira.
Sur quelles destinations préférais-tu faire escale et pourquoi?
J’adore Maui et Kona (Hawaii) pour sa flore, ses paysages, sa température et le style de vie laid-back.
J’ai aussi adoré mon temps passé à Rome, où j’ai eu la chance de rester dans différents coins de la ville et vivre comme les locaux. Les cappuccinos, le vin, les pâtes et pizzas fraîches ainsi que l’histoire de la ville m’impressionnent à chaque fois! Juste avant le COVID-19, j’ai également découvert la ville de Genève que j’ai adorée!
Qu’aimais-tu le plus de ton métier?
L’aspect voyage et découvrir de nouvelles villes et pays. Avoir un emploi qui te fait voyager autant, c’était fantastique! Et je tirais toujours avantage de mes escales: courir le long d’un cours d’eau ou dans un parc (Central Park est magique pour ça), m’asseoir dans un café avec un bon livre ou visiter un lieu historique.
Tu pensais avoir déniché ton métier de rêve, cet arrêt brutal te force à te réinventer, comment comptes-tu y arriver?
Brutal est définitivement le bon mot. Quand ta passion et ton emploi sont combinés et que ça s’arrête aussi abruptement, ce n’est pas facile financièrement et émotionnellement!
J’ai créé un site web il y a quelques années, que j’aimerais bien rentabiliser et voir croître (www.sarasadventures.com). Il était surtout alimenté par mes expériences et voyages réalisés grâce à mon emploi.
Dans les derniers mois, j’ai essayé d’y ajouter du nouveau contenu. J’ai aussi suivi des cours en ligne en SEO et j’aimerais pouvoir décrocher des contrats à distance dans le monde des affaires et également quelques vols ici et là.
Pour toi qu’est ce que la pandémie t’aura appris?
L’importance de vivre dans le moment présent, d’apprécier chaque petite chose, comme si c’était la première fois et la dernière fois. De prendre le temps de vraiment goutter ton cappuccino, de vraiment écouter ton amie pendant un FaceTime, de profiter du temps libre qui m’a été accordé avec mes proches. Ça m’aura aussi appris beaucoup sur l’être humain: la résilience, le courage et l’égoïsme.
Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?
De décrocher plusieurs autres contrats dans le ciel pour des gens en santé qui apprécient le travail et l’effort qui est investi dans chaque vol. J’aimerais voler pour des gens patients qui respecteront les règles mises en place pour protéger l’équipage et les passagers. Les conditions présentes font que l’environnement de travail est encore plus stressant, demandant physiquement et émotionnellement.
J’espère aussi pouvoir obtenir des contrats à la pige dans le monde du marketing, du voyage et du fitness. Mon rêve est vraiment de pouvoir combiner les trois!
Après tout, je pensais que the sky is the limit… pourtant j’ai passé beaucoup de temps dans le ciel et je pense que la limite des possibilités est encore plus infinie que le ciel!
Pour suivre SaraVISITEZ SON BLOGUE –www.sarasadventures.com |
Laissez un commentaire